Partager l'article ! Une vie saine ne garantirait pas la qualité du sperme: Une vie saine ne garantirait pas la qualité du sperme Mots clés ...
Ces dernières années ont vu les enquêtes sur la qualité du sperme se multiplier. En France, le bilan est inquiétant: la santé des spermatozoïdes s'est effectivement dégradée comme l'a constaté l'Institut national de la veille sanitaire en février dernier. Avec les polluants et les pesticides, le mode de vie est régulièrement invoqué pour expliquer cette détérioration. Or cette idée est remise en cause par une étude anglaise publiée le 13 juin dans la revue Human Reproduction: la qualité du sperme ne serait finalement pas liée au style de vie.
À partir du mois de janvier 1999 et pendant un peu plus de trois ans, l'équipe du Dr Andrew Povey, spécialiste en épidémiologie moléculaire à la University of Manchester's School of Community Based Medicine, a recruté 2249 hommes au sein de 14 cliniques de fertilité britanniques. Pour être inclus, ceux-ci devaient vivre en couple et tenter de concevoir un enfant depuis plus d'un an. Ils ont été soumis à un questionnaire portant notamment sur leur hygiène de vie en matière d'alcool, de tabac et de drogues récréatives. Dans le même temps, la mobilité de leurs spermatozoïdes a été analysée. L'aptitude de ces derniers à atteindre un ovule pour le féconder constitue en effet un indicateur important de fertilité.
Les chercheurs ont observé une faible mobilité spermatique chez 939 des participants. Parmi eux, la probabilité d'avoir subi une chirurgie testiculaire a été 2,5 fois plus importante que pour les hommes ayant produit des spermatozoïdes mobiles. De façon similaire, les hommes aux spermatozoïdes les moins vigoureux ont été 1,3 fois plus susceptibles d'exercer un travail manuel, de porter des sous-vêtements serrés ou de ne pas avoir conçu d'enfant auparavant. En revanche, l'étude n'a pas trouvé de liens significatifs entre le fait de consommer de l'alcool, des cigarettes ou des drogues et une mobilité spermatique diminuée.
Ces résultats contredisent les recommandations actuelles faites aux hommes confrontés à des problèmes de fertilité, les incitant à adopter une vie la plus saine possible pour favoriser leur projet de conception. Pour le Dr Jacques Auger, andrologue au Centre d'études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) de l'Hôpital Cochin, il serait «abusif de conseiller aux hommes d'arrêter de fumer ou de boire sans que cela ne soit étayé». De nombreux facteurs sont associés à une faible mobilité spermatique, génétiques et environnementaux notamment, «il est donc impossible de définir une cause bien précise», conclut le Dr Auger.
L'andrologue n'en néglige pas le style de vie de ses patients pour autant: il note systématiquement leur consommation de tabac lors de ses consultations. En effet, des mutations de l'ADN contenu dans les spermatozoïdes ont déjà été observées chez les gros fumeurs dans de précédentes études. «Or une telle atteinte à l'intégrité génétique [du sperme] est un signe inquiétant», selon le Dr Auger, en raison du risque de transmission de ces lésions génétiques au futur enfant.